L’alimentation
L’alimentation reste un facteur présent dans le texte du Bereshit. Nous apprenons par ce verset que l’alimentation de l’homme était végétarienne. La dentition de l’homme suggère elle même un
régime végétarien dans un premier temps. Ce n’est qu’après la chute que le régime alimentaire évolue vers une consommation carnivore.
"Je vous ai donné..."
Comme au quatrième jour, le verbe donner n’a pas le sens de créer mais il exprime plutôt le fait d’une attribution.
"Toute herbe portant semence...tous les arbres qui ont un fruit portant semence..."
L’auteur met l’accent sur la semence car il appartient à l’homme de travailler la terre et de répandre les semences afin de se nourrir. L’homme n’est pas appelé à vivre exclusivement de la
cueillette mais aussi à apporter son apport. Voici aboli, dans le texte, l’antagonisme entre agriculteurs et pasteurs, censé sous-tendre le conflit entre Caïn et Abel selon des théories
aventureuses et non respectueuses de la Bible. Si le mythe consiste à une tentative de l’homme de rendre compte de son histoire, nous devrions chercher le mythe non dans les Ecritures dont la
solidité n’est plus à vérifier mais dans certaines théories anthropologiques.
"A toute bête de la terre,...je donne toute herbe mûrissante".
L’alimentation des animaux est aussi végétarienne. Cela contredit-il les données scientifiques qui prouvent qu’il y a eu des bêtes carnivores de tout temps? En aucun cas! Le texte nous suggère
seulement qu’à l’apparition de l’homme s’est instauré une situation susceptible de conduire le monde à l’état paradisiaque annoncé et décrit dans les prophéties d’Esaïe. N’oublions pas que le
monde émerge d’un chaos pour arriver à un état de stabilité. Si l’homme avait été à même de remplir son rôle de gestion du monde, la terre serait sans doute un paradis. La chute a provoqué une
dynamique de destruction entraînant l’homme vers des passions animales et la nature vers le chaos primitif.
On a eu tort de forcer la distinction entre l’alimentation des hommes et celle des bêtes, mais disons que les différences dont sont sensibles les êtres humains n’apparaissaient pas de la même
manière aux animaux qui n’avaient, en général, qu’à se nourrir de la verdure. Il ne faut pas oublier le caractère didactique du verset précédent.