" Dieu les bénit et leur dit:Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre, rendez-vous en maîtres, et dominez les poissons de l’océan, les oiseaux du ciel et tous les
reptiles et insectes."
Il s’agit de la deuxième fois que Dieu prononce une bénédiction, celle-ci pourtant comporte certaines différences. Dans la première partie de la bénédiction, il est question
non seulement de perpétuer la race mais aussi de remplir la terre. La fécondité était perçue dans toutes les anciennes civilisations comme le signe d’une bénédiction. Il en est de même de
l’augmentation de la population considérée comme un facteur de force. Le déclin de la civilisation occidentale pourtant au faîte de sa puissance est entre autres lié à un déclin de sa puissance
démographique.
La bénédiction de l’homme comprend aussi l’ordre d’assujettir la terre, le verbe kabash utilisé ici veut dire subjuguer. Il est surtout et quasiment utilisé dans le sens de
"subjuguer" et"pacifier," notamment dans la conquête de la terre promise. Le terme est assez fort pour qu’on s’y attarde. S’agit-il seulement d’une gestion des forces de la nature? Les termes
radah et mashal auraient suffi à exprimer cette idée. Il nous semble que le terme suggère une "pacification" de la terre. Les recherches paléontologiques ont mis à jour des ossements d’êtres "à
cheval" entre les primates supérieurs et l’espèce humaine. Ces découvertes ont contribué à générer une théorie de l’évolution impossible à prouver en termes scientifiques. La Bible nous suggère
un début de réponse en évoquant la présence d’animaux proches de l’homme. L’entêtement de certains théologiens à vouloir faire de ses ossements des assemblages factices d’os d’hommes et de singes
revient à nier l’évidence. La Bible nous propose une troisième voie en signalant l’existence de ces êtres. L’exégèse juive nourrie de certaines traditions antiques s’est avancée sur ce terrain
alors que la théologie chrétienne s’en est tenue à une lecture suggérée un peu par la connaissance que l’homme antique avait de son environnement. L’homme ne doit pas seulement exercer sa
domination sur les animaux inférieurs mais aussi forcer les hominiens à lui obéir.
Le texte de la Genèse nous suggère à plusieurs reprises la présence d’hominiens: d’abord dans le dialogue entre la femme et le serpent (3:1-7). La peur de Caïn de se voir
tué suggère quoique l’on veuille dire un monde hostile en dehors du pays d’Eden (4:13,14), même si certains estiment que cette peur était infondée. Dans sa colère, l’Eternel affirme que l’homme
est aussi bestial (6:3,4). C’est la méconnaissance de ces facteurs qui a poussé certains traducteurs à vouloir "corriger" ce texte antique. Le monde antédiluvien présente des aspects différent de
celui qui lui a succédé, l’homme étant incapable de dominer ce monde, Dieu a provoqué un déluge afin d’éviter une dégradation du matériel génétique humain.
Cette lecture, qui rencontre certaines données de la tradition juive, peut paraître suspecte aux yeux de certains qui y voient une tentative de vouloir concilier la Bible
aux données paléontologiques, mais il importe de reconnaître qu'elle s'impose au lecteur qui lit, sans a priori, les premières pages de la Genèse.
Le théologien et l'étudiant de la Bible qui est habitué à interroger l'archéologie, l'histoire, la phillologie et d'autres sciences du passé doit aussi accepter
l'éclaircissement que peut apporter la paléontologie à la compréhension de certains textes bibliques.