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Le blog d'Andronicus Khandjani

Je veux faire connaitre la Bible à mes contemporains. A travers la Bible, Dieu parle aux hommes, sans ce Message l'humanité perd sa part d'humanité

La Révélation et l'histoire, Jésus est-il un mythe ?

La Révélation et l'histoire, Jésus est-il un mythe ?

Andronicus Khandjani


Les évangiles sont-ils des constructions mythiques sur la vie de Jésus ?

Certains répondront par un non catégorique alors que d'autres maintiendront des bémols en alléguant que le mythe peut être vecteur de la réalité. Cette position reflète le point de vue de nombreuses églises traditionnelles qui tendent de concilier par des mots la tension née de la confrontation des vérités bibliques aux résultats des investigations de la haute critique sur le Jésus historique.

S'agissant de l'Evangile, la haute critique semble discerner plusieurs trames, lesquels exprimeraient une certaine évolution dans la manière de voir Jésus. Tout aurait commencé par un cercle fidèle à un rabbin pour aboutir à la foi en Jésus, déclaré Christ post-mortem et partant du Fils de Dieu, dans les Evangiles.
Les différentes couches que la critique a pu discerner inviteraient à adhérer à cette hypothèse. Comme il n'est guère possible que tout se soit passé du jour au lendemain et qu'il semble également exclu que Jésus ait pu voir et annoncer la chute de Jérusalem dont il est question dans les synoptiques, on préfère situer la rédaction des témoignages ecclésiaux sur Jésus aux années qui suivent la chute de Jérusalem.

Ces raisonnements sont peut-être basés sur l'observation empirique ou scientifique des processus conduisant à l'élaboration des mythes mais à l'heure où le principe de relativité a été intériorisé par l'investigation scientifique, il serait honnête de rappeler au public le caractère relatif des assertions qui sont censées remettre en cause les certitudes chrétiennes. Or on constate, a contrario, que cette attitude scientifique continue à faire cruellement défaut aux tenants de la haute critique.


Jésus, personnage de l'histoire ?
Certains auteurs sont allés jusqu'à émettre des doutes sur l'existence de Jésus. Après avoir été enterrée, la question a resurgi dans certains milieux. On évoque souvent le fait qu'aucun document contemporain ne mentionne le nom de Jésus. Ceci est faux : il est impossible qu'un contemporain de Jésus, comme Paul ait pu croire à un mythe.

L'historicité de Jésus ne faisait doute pour personne, alors que l'apôtre rédigeait ses épîtres aux différentes églises. A tout le moins, peut-on constater l'émergence d'une conception hellénique du fait de la résurrection. Aux Corinthiens qui protestent, Paul répond en avançant et situant le fait de la mort de Jésus par rapport aux prophéties bibliques : « Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures ». Les Juifs et les Romains pouvaient dire « Jésus est mort », alors que l'apôtre rétorque : « Il est mort pour nos péchés, conformément à ce qui avait été annoncé par les Ecritures ». Abordant le thème, ô combien brûlant, de la résurrection corporelle, il ajoute : « Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, conformément à ce qui était annoncé dans la Bible. Il est apparu à Céphas, puis aux Douze.

Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois ; la plupart sont vivants et quelques uns sont morts. Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. En tout dernier lieu, il m'est apparu, à moi, l'avorton ». I Corinthiens 15.4-7

Paul s'adresse aux Corinthiens en temps que contemporains de Jésus puisqu'ils peuvent encore consulter une partie des «de cinq cents frères » qui ont eu reçu la grâce de voir le Ressuscité. Parmi les témoins que Paul appelle à la charge, il cite un certain Jacques, personnage assez connu des ses interlocuteurs pour que la seule mention de son nom suffise. Les Actes nous indiquent que Jacques présida au Concile de Jérusalem en tant qu'évêque de l'Eglise-mère à Jérusalem. Se rapportant aux propos des Nazaréens, Jacques nous rapporte ceci :
« …ils disaient : N'est-ce pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s'appelle-t-elle pas Marie et ses frères Jacques, Joseph, Simon et Jude ? ». Matthieu 13.55.
On sait, d'après les Evangiles, qu'à l'époque où Jésus parcourrait Israël « ses frères ne croyaient pas en lui ».
Dans son épître aux Galates, Paul présente Jacques comme étant « le frère du Seigneur » . Galates 1.19.

Est-il vraiment scientifique de nier l'existence d'un tel personnage ? Aurait-il fallu attendre l'ossuaire de « Jacques fils de Joseph, frère de Jésus », pour croire en l'historicité du Divin galiléen ? N'est-ce pas faire preuve de manque d'honnêteté ?

Flavius Joseph, contemporain de la chute de Jérusalem, 40 ans après l'ascension de Christ, évoque bel et bien l'existence historique de Jésus. La critique s'est longtemps exercée à prouver que le passage en question était l'ajout d'un copiste chrétien qui aurait retravaillé le texte afin de le « christianiser ». Flavius Joseph aurait, selon certains critiques, dressé un portrait peu flatteur du Jésus. Il est possible encore là de constater la mauvaise foi de ces critiques. Après d'âpres débats, le savant israélien Shlomo Pères, lequel a étudié tous les manuscrits disponibles, présente enfin la version originale ou « minimale », selon ses termes, du témoignage de l'historien juif Flavius Joseph :
« En ce temps là, vivait un sage nommé Jésus. Il se conduisait bien et était estimé pour sa vertu. Nombreux furent ceux tant Juifs que gens d'autres nations qui devinrent ses disciples. Pilate le condamna à être crucifié et à mourir. Mais ceux qui étaient devenus ses disciples ne cessèrent de suivre son enseignement. Ils racontèrent qu'il leur était apparu trois jours après sa crucifixion et qu'il était vivant. Sans doute était-il le Messie sur qui les prophètes ont raconté tant de merveilles. »


Jésus, Fils de Dieu
Cette affirmation qui va de soi dans le christianisme ne serait que le fruit d'un long processus qui aurait abouti à la création d'un mythe sur Jésus. Cette assertion qui transparaît à la lecture des critiques devrait être confrontée à la réalité exprimée par une étude neutre du texte de la Bible. Elle suppose d'abord que l'Eglise a créé, au fil de son histoire, un autre Jésus dont la figure aurait été auréolée, stylisée au cours de l'histoire. Elle élude pourtant le fait que tout s'est passé dans un laps de temps relativement court. En effet 70 ans séparent l'exécution de Jésus, aux alentours de l'an 30, à la rédaction du corpus johannique, dernier monument littéraire biblique. Si Jésus Christ n'a guère appartenu à ce que l'on appelle « la grande histoire », il a néanmoins vécu dans une période historique peu favorable à un processus de création des mythes.

L'Epître aux Galates rédigé vraisemblablement avant le concile de Jérusalem proclame déjà, en Jésus, le Fils de Dieu. Cette confession n'a rien de polémique dans la mesure où elle fait partie des traditions acceptées par toutes les églises, le conflit se situant en premier lieu au niveau de l'attitude à adopter face à la circoncision. Si certains ne sont pas d'accord avec Paul, ce n'est pas sur la doctrine de la divinité de Christ, d'où cette question de Paul « Sont-ils des serviteurs de Christ ?...Moi bien plus » 2 Corinthiens 13.23. Ce n'est, paradoxalement, qu'aux alentours de 90 qu'apparaissent les premiers indices d'une polémique sur la filiation divine de Jésus-Christ. L'auteur répond en rappelant qu'il appartient, contrairement aux « critiques », au cercle des premiers disciples de Jésus-Christ. D'ailleurs on discerne dans le quatrième Témoignage Sacré, c'est-à-dire l'évangile Johannique, le témoin oculaire qui nous fournit des matériaux de première main sur le contexte dans lequel a évolué le Galiléen. Ce fait à lui seul devrait interpeller les simili-critiques qui prétendent offrir au public une version « historique » des origines du christianisme. Ainsi quelle que soit la datation des synoptiques, ceux-ci reflètent une doctrine acceptée au sein de l'église dès les premiers temps.

Certains ont accusé Paul d'avoir déifié Jésus, mais l'épître de Jacques présente également Jésus comme étant le « Seigneur ». Jean mettra l'accent sur la divinité du Christ, proclamation considérée comme un blasphème parmi les Juifs.


La naissance virginale
Ce détail aurait été introduit afin d'harmoniser les récits sur la naissance du Messie avec la version grecque de l'Ancien Testament. D'ailleurs, ajoute-t-on, ce détail n'apparaît ni dans Marc, ni dans l'Evangile de Jean. Paul n'y ferait guère allusion. Là encore une phrase de l'apôtre suffit pour nous donner une idée de sa doctrine : « Mais quand est venu l'accomplissement du temps, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, assujetti à la Loi. » Galates 4.4. Le verbe exapestelein, traduit par « envoyé » suggère que le Christ est venu d'un autre monde alors que l'expression « né d'une femme », nous renvoie à trois prophéties bibliques. Il s'agit d'abord de la prophétie sur la Semence de la femme (Genèse 3. 15), ensuite du signe que constitue la naissance d'Emmanuel (Esaïe 7.14), né d'une « vierge » et puis de la « femme qui doit enfanter » de la prophétie de Michée 5.2. Quel que soit notre avis sur cette doctrine, il ressort que tous les apôtres y croyaient certainement. Encore là, est-on loin de cette évolution suggérée par la « haute critique ». Le fait que Matthieu et Luc considèrent l'événement sous un angle différent suppose l'existence d'une tradition commune où ils puisent.

Des mots et des allusions invitent à croire que tous les chrétiens n'ignoraient pas la naissance virginale de Jésus. Ces chrétiens expérimentèrent la réalisation des prophéties antiques, qu'ils lisaient chaque sabbat à la synagogue. « Quand les temps furent accomplis, Dieu envoya son Fils, né de femme et assujetti à la Loi ».


Les miracles
On s'est plu longtemps à mettre en doute les miracles de Jésus. Les chercheurs se montrent, aujourd'hui, plutôt, circonspects à ce sujet dans la mesure où il est difficile de nier qu'outre son enseignement Jésus ait opéré des miracles. A son église naissante, le Christ promet : « Voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront des démons, ils parleront des langues nouvelles, ils prendront en leur mains des serpents, et s'ils boivent quelque poison mortel, cela ne leur fera aucun mal ; ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris ». Marc 16.17 et 18. Il n'est donc pas uniquement question des miracles de Jésus, mais des miracles de l'Eglise afin de confirmer le témoignage de Dieu aux hommes. L'histoire contemporaine, l'histoire vécue au quotidien, témoignent de la réalité de ces promesses.


Quand l'histoire se trouve transcendée
La question « qui est Jésus ?» travailla déjà l'esprit de ses contemporains. Certains y voyaient un prophète, d'autres un enseignant et d'autres encore les réincarnations d'un prophète. Ses opposants tentèrent de le présenter comme un charlatan, un blasphémateur puis un homme incitant les foules à prendre les armes contre César. Certaines tentatives ont été faites, de la part du judaïsme, afin de récupérer ce personnage mystérieux. Pour les poètes persans, pourtant influencés par les dogmes islamiques, Jésus reste un personnage unique qui n'a cessé de les interpeller.

Même la théologie libre qui tente de « démythifier » Jésus ne saurait se résoudre à rompre avec le Galiléen qui 20 siècles plus tôt animaient les côtes du petit lac de Tibériade. C'est pourtant de ces côtes, qu'on ne saurait distinguer sur la carte, qu'émerge une Voix qui changera le cours de l'histoire. Trois ans auront suffi pour donner un nouveau contenu à l'histoire, pour fonder notre principe des droits de l'homme, pour redonner à l'homme sa dignité bafouée.

Trois ans c'est bien peu pour changer le cours de l'histoire, surtout quand on vit dans une pauvre Palestine, en marge de l'empire ; surtout quand on grandit à Nazareth. Et pourtant, le plus grand exploit de l'humanité aura été accompli là. N'est-ce pas parce qu'à travers le corps mortel du Galiléen, le Dieu infini est venu à notre rencontre, Celui qui remplit le temps et l'espace a daigné nous approcher et qu'en Jésus-Christ« Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin… » ?

Amen
 
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